Crise économique ? Pas pour tout le monde !
Quand largent public coule à flot pour la torture
Alors que près dun tiers des spectacles tauromachiques ont été supprimés en Espagne en 2009 faute de subventions publiques, en France, le financement de la barbarie des arènes aux frais du contribuable se poursuit de plus belle. En Espagne, la corrida nest pas une priorité quand les finances sont en berne. En France si !
Le petit monde de la mafia des arènes bénéficie dun financement pour le moins opaque. Nous savions déjà que la plupart des transactions seffectuaient en liquide, nous savions également que malgré les demandes de la députée des Deux-Sèvres, Geneviève Gaillard, présidente de lintergroupe pour la protection animale à lassemblée nationale, aucune commission denquête parlementaire sur le financement public de la corrida na pu voir le jour. Ceci sous la pression active et efficace de quelques députés qui confondent leur passion coupable et leur mandat électif. Pour le mundillo et ses soutiens, tous les moyens sont bons pour financer la corrida avec les fonds publics : subventions des écoles de tauromachie par le conseil général ou la mairie (Arles, Nîmes ou Béziers), subventions directes des spectacles par la municipalité comme à Alès, subventions des clubs taurins qui co-organisent parfois les évènements, achat de places pour en distribuer gratuitement
Sur ce dernier point, nous avons appris fin 2010 que le conseil général des Pyrénées Atlantiques avait acheté pour 3690 euros de place pour les corridas de Bayonne tout en prétendant ne pas du tout subventionner ces spectacles. On joue sur les mots
La quasi-totalité des spectacles de corrida sont déficitaires et ne se maintiennent quà grand renfort dargent public. En 2008 à Bayonne, le maire annonçait 180 000 euros de déficit. En 2010, cétait encore 92 000 euros. Qui paye ? Les contribuables !
Grâce au travail dinvestigation de Mario Valenza, président de la BAC de Marseille, nous apprenons que le conseil général des Bouches du Rhône a subventionné la corrida en 2010 à hauteur de près de 120 000 euros : achat de places à la société Jalabert pour 63 255 euros et 56 400 euros de subventions variées aux clubs taurins et à lécole taurine dArles. Et ce nest que le conseil général. Il faut ajouter les subventions des mairies et du conseil régional présidé par un aficionado convaincu et actif
Notre travail de recensement du financement public de la corrida ne nous permet que dentrevoir la pointe émergée de liceberg. Ce sont manifestement des millions deuros qui vont dans les poches des organisateurs de ces spectacles de sang et dagonie. En 2003, une émission nommée « Al Descubierto » dénonçait sur une chaîne de télévision publique espagnole le financement public de la tauromachie, les trucages, les nombreux petits arrangements entre amis. Un journaliste précisait même que le monde de la corrida devait payer les journaux pour obtenir de pleines pages dapologie des « exploits » de tel ou tel matador. Nous espérons que ce nest pas le cas dans le sud de la France
A quand une grande enquête dinvestigation sur le monde opaque de la tauromachie de la part des médias ? Ce qui a été fait en Espagne il y a 8 ans, nous lattendons toujours en France
Pour le CRAC Europe et la BAC Marseille,
Le 22 février 2011,
Jean-Pierre Garrigues Mario Valenza
Vice-président du CRAC Europe Président de la BAC