Régime sans foie gras aux Pays-Bas
[ 11/06/09 ]
Décidément les produits du terroir français font toujours le bonheur des boycotteurs. Cette fois-ci, c'est aux Pays-Bas que la campagne d'une organisation de défense des animaux contre la consommation de foie gras, particulièrement bien orchestrée, fait mouche.
Répondant au quart de tour à une lettre de l'association animale Wakker Dier qui relaye aux Pays-Bas la lutte menée en France par les activistes de Stop gavage, trois chaînes d'hôtels viennent de retirer de leur carte ce mets délicat. Les défenseurs de la cause animale ont plaidé auprès des hôteliers la manière « inhumaine » dont ces volatiles sont gavés pour engraisser ce foie qui terminera dans nos assiettes.
Photos à l'appui, l'organisation a cloué au pilori les méthodes d'élevage consistant à faire ingurgiter aux animaux sous la contrainte une bouillie de maïs particulièrement roborative au moyen d'un long tube enfoncé dans l'oesophage. Répétée plusieurs fois par jour, l'opération finit par causer aux animaux des fractures de vertèbres, des infections du système digestif et des perforations d'intestins, ont-ils expliqué. 20 millions de canards et 5 millions d'oies subiraient ce traitement chaque année pour le plus grand plaisir des papilles de gourmets, assurent-ils.
A l'instar de ses concurrents Bilderberg et Mövenpick, la chaîne d'hôtel Carlton proscrit désormais ce mets de sa carte. Et Wakker Dier montre du doigt les Golden Tulip, Van der Valk et autres hôtels Okura qui servent toujours des « produits du terroir français ».
Décidée à éradiquer la consommation de ce produit de luxe sur le territoire batave, Wakker Dier entend dans un deuxième temps élargir sa campagne en direction des citoyens. A cette occasion, l'organe de lobbying animalier a publié la liste de tous les établissements du pays proposant encore ce morceau de choix.
Anticipant les foudres des activistes de la cause animale, la compagnie aérienne KLM, les grands magasins De Bijenkorf et les maisons de jeux Holland Casino s'étaient déjà tous résolus à stopper leurs achats de cet abat de luxe voici plusieurs mois. Il est vrai qu'une loi aux Pays-Bas interdit sa production et que la Commission européenne avait conclu, sur la foi d'experts, que la fabrication de ce produit occasionne de la souffrance aux animaux.
DIDIER BURG (À AMSTERDAM), Les Echos
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