MANIFESTATION Chasse à courre : les cavaliers traqués - Accueil / Sports / Autres sports - Dimanche 08 Février 2009 - SUDOUEST.COM
MANIFESTATION. Hier, les écolos de la Sepanso ont protesté contre cette pratique à Coux-et-Bigaroque
Une meute de chiens gémissants, des cavaliers fièrement sanglés dans leurs uniformes. À leurs pieds, une horde de chasseurs grivois. Cette scène de chasse, on aurait pu la peindre il y a 2 000 ans. Mais hier, dans les vallons de Coux-et-Bigaroque, en face de l'équipage, il y avait comme un léger détail anachronique. Une vingtaine d'écologistes de la Sepanso Dordogne, tenus à distance par la gendarmerie, sont venus exprimer leur indignation.
« S'il y a ici des nostalgiques de la monarchie qui ont envie de se déguiser en seigneurs, eh bien qu'ils le fassent mais sans massacrer des animaux ! », fustigeait Gérard Charollois, président de l'association. « La chasse à courre est une pratique archaïque et terriblement cruelle », poursuivait-il, faisant allusion à la manière dont les chasseurs achèvent leur proie avec une dague après l'avoir traquée jusqu'à épuisement. L'animal est ensuite donné en pâture à la meute lors de la curée.
Face-à-face
Les sept cavaliers venus traquer le sanglier à l'invitation de la société de chasse locale se sont d'abord tenus à distance, un peu interloqués par cette levée de boucliers. Puis, ils ont osé le face-à-face.
Un militant les a interpellés : « Que ressentez-vous avant de tuer l'animal quand il est atterré devant vous ? » Le chef d'équipage, Christophe Audibert, s'est approché avec une élégance tout aristocratique. « De la satisfaction, a-t-il répondu droit dans ses bottes, un brin provocateur. C'est une récompense. » Tollé général des écolos...
Les chasseurs locaux, qui faisaient office de suiveurs, à pied ou en voiture, semblaient eux aussi imperméables à la fronde de la Sepanso. « Je ne comprends pas cette opposition. C'est une chasse naturelle, sans armes à feu. Ils ne font aucun dégât en forêt et nous débarrassent des nuisibles, » a lancé Gérard. « Et surtout, on laisse à l'animal toutes ses chances. S'il est rusé, il peut échapper à la meute », a renchéri le président le la société de chasse, Laurent Lesvignes.
Le débat, courtois, s'est vite avéré stérile. La Sepanso a alors glissé sur le terrain juridique. « Je ne suis pas sûr que vous ayez eu toutes les aurorisations nécessaires pour traverser le territoire », s'interrogeait Gérard Charollois. « Bien sûr que oui ! » a rétorqué dare-dare Laurent Lesvigne. « Toutes les sociétés de chasse avoisinantes ont donné leur accord. Seule une minorité de chasseurs de Campagne s'y est opposée. Nous nous tiendrons loin des habitations et nous ne traverserons pas la forêt domaniale. »
Finalement, à 11 heures, les trompettes de chasse ont fini par sonner le départ. En selle, le chef d'équipage remercie ses hôtes. « Sans vous, nous ne ne pourrions jamais sortir nos chiens. »
« C'est la fin »
Et de rajouter, fataliste : « Nous sommes les derniers, c'est la fin... »
Le soir même, ces « seigneurs » des temps modernes devaient faire ripaille avec le peuple des suiveurs. « La technique de courre s'est démocratisée.» Les cavaliers l'assurent. Qui en doutait encore ?
Auteur : Séverine lamarque
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